Episode 1 : Folie et frénésie à l’AS Cannes sur Football Manager 2024
Mis à jour le 05 Aout 2024 / Par Oufti / 9 min de lecture
Avertissement : Ce récit est une œuvre de pure fiction écrit à partir d’une partie sur le jeu Football Manager. Par conséquent toute ressemblance avec des situations réelles ou avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.
« Toc toc toc »
La porte de mon bureau s'ouvrit, laissant apparaître Anny, une femme d’un certain âge aux cheveux blonds bouclés.
"Bonjour Simon, je n’ai pas encore eu l’occasion de le faire, mais je tenais à vous féliciter personnellement pour le travail accomplie cette saison"
"Merci Madame"
"Vous avez brillamment rempli l'objectif du club avec cette montée dans des circonstances difficiles."
"On ne compte pas s’arrêter-là, je souhaite ramener… "
"Pour ma part, c’est terminé" m'interrompit-elle.
"Quoi ? Comment ça ?" m'étonnai-je.
"J’ai décidé de passer la main après ces 3 dernières saisons éprouvantes. L’objectif est atteint. Je laisse le club entre de bonnes mains"
C'est ainsi que la présidente, celle qui m'avait embauché il y a seulement 10 mois comme coach de l'AS Cannes, venait de m'annoncer son départ...
Les débuts
Moi c’est Simon.
Jeune loup insouciant de 25 ans, je profitais de mes vacances d’été sur les plages électro à enchainer des mélanges douteux et belles nanas.
Pendant mes lendemains difficiles, je gardais un œil sur le feuilleton de l’été à Cannes : la mise en liquidation judiciaire du club de football de l’ AS Cannes.
Le club allait devoir repartir de 0. L’équipe principal allait jouer en Division Honneur (DH). Les équipes de jeunes étaient dissoutes.
Le choc.
L’ AS Cannes, c’était le club de ma ville. Lorsque j’étais ado, les vendredis soir se résumait à aller voir l’équipe qui évoluait alors en 3ème division avec mon père.
Les anciens dirigeants avaient pris la poudre d’escampette…Laissant le club en ruine. Tout était à reconstruire.
Je me souviens de l’émoi qu’avait provoqué cette annonce en ville et dans le monde du football.
Voir l’équipe tombé aussi bas m’avait fait mal aussi, je ne pouvais pas croire que le mythique AS Cannes n’affronterait plus jamais les grands.
La municipalité avait essayé de convaincre des anciennes gloires du club comme Zidane, Wenger, Vieira de combler le déficit pour sauver le club.
En vain.
Le club se mit alors en quête de chercher de nouveaux bénévoles : des hommes de main capable de tout faire du traçage de ligne… à la comptabilité.
J’avais postulé sans grande conviction.
A l’époque, je venais de débuter dans la vie active comme contrôleur de gestion dans une boite privée. Au lieu de passer mes week ends à faire le con, je m’étais dit : "et pourquoi pas moi ?"
Le foot, c’était une passion depuis toujours. Mais on ne pouvait pas dire que j’étais spécialement très doué avec un ballon.
A ma grande surprise, ma candidature fut retenue. C’est comme ça que j’entrais dans l’association.
A ce moment-là, je n'avais aucune idée dans quoi j'allais m'embarquer…
Une bourde qui aurait pu coûter cher
Au cours de mes premières saisons au club, mon job fut cantonné au rôle de trésorier … Un rôle que je connaissais si bien.
Loin des terrains, je tenais à jour les comptes dans la salle commune les samedi après-midi et m'assurais de l’équilibre du maigre budget.
Rien de folichon.
La plupart des nouveaux membres de l’association dont moi n’avions aucune expérience dans le monde du foot.
Et malheureusement cela s’est vu rapidement.
Les résultats de l’équipe première auraient dû nous permettre de monter d’un étage mais une grossière erreur de Marvin l’intendant nous empêcha de monter.
En effet, un joueur de l’équipe de réserve suspendu après 3 cartons jaunes était rentré en cours de match de l’équipe A. Le règlement l’interdit.
Sur la feuille du match qu'avait fourni Marvin au coach, il avait inséré par erreur le nom du joueur dans les remplaçants.
Marvin s’excusa évidemment mais le mal était fait. Le match fut perdu sur tapis vert, Grasse nous passa devant au classement… et monta en N3.
Sous la pression de la municipalité, un remaniement important eut lieu au sein de l’association. Plusieurs membres durent quitter leur poste dont Marvin.
Pour ma part, comme j’étais le seul à avoir des compétences de comptabilité, mon poste au sein de l’association fut préservé.
Ouf, tout aurait pu s'arrêter là. J'avais eu chaud !
Remise en question
La saison suivante fut mieux réussie. Avec l'aide d'anciens joueurs plus chevronnés, nous sommes finalement parvenus à monter en N3.
Cependant, la réalité nous rattrapa rapidement : malgré toutes les bonnes volontés, nous ne pouvions viser plus haut que la National 3. Les joueurs, les dirigeants... chacun avait d'autres activités en parallèle.
Notre budget limité nous permettait à peine de verser des primes de match aux joueurs.
Au cours des saisons suivantes, nous avons péniblement réussi à maintenir le club en N3. La formation, qui faisait autrefois la fierté de tous les supporters, était délaissée et réduite au strict minimum.
Nous étions un club lambda amateur.
En plus de sentir le club végéter, mon rôle n’évoluait guère non plus.
Frénétiquement en regardant une ordonnance périmée, je me posais des questions : au fond, qu'étais-je venu chercher ici ? Était-ce juste pour faire la même chose qu'au boulot ?
Heureusement, un événement allait bouleverser l'avenir du club et par la même occasion, mon destin.
Rencontre avec Anny
C’est au cours de ma 5ème année au club qu'Anny pris la présidence de l’association.
Ma première rencontre avec Anny fut...comment dire...plutôt houleuse :
"Vous faites quoi ici ?" me demanda-t-elle.
"Je suis le trésorier du club Madame"
"Bien, dans quel état sont les finances du club ?"
"Bien maigre, nous comptons sur vous !"
"Je ne suis pas venue ici pour faire mère Teresa" me rétorqua-t-elle.
Anny était un personnage haut en couleur, emblématique et apprécié de tous les Cannois. Je la connaissais de nom mais je n’avais jamais eu l’occasion de la rencontrer.
L’octogénaire avait eu 1000 vies : patronne d’hypermarchés, collectionneuse d’art…
Dans le sport, elle avait été la présidente du club de volley le Rc Cannes. Elle avait tout gagné : 2 ligues des champions, 20 championnats et 19 coupes de France…
Que venait-elle faire dans le milieu du foot ?
"Réveiller le géant endormi" me disait-elle.
En effet, malgré ces dernières années d’errance, l’ AS Cannes restait un club à part dans le coeur des fans de foot.
Bien plus tard, j'appris que c'etait le maire David Léonard qui avait réussi à convaincre Anny de quitter sa retraite pour prendre la présidence du club.
Avait-il fait le bon choix ?
Evolution
La nomination d’Anny avait fait l’unanimité auprès des supporters et des médias. Un vent de renouveau soufflait alors sur le club après tant d’années à vivoter dans les bas-fonds du foot français.
Elle avait un caractère bien trempé. Franche et directe, elle pressentait vite les choses.
Lors d’une réunion d’avant saison, elle me demanda si je souhaitai m’investir davantage dans l’association :
"Simon, je souhaiterai vous confier le poste d’analyste vidéo de l’équipe des moins de -19 ans."
Aucun son ne put sortir de ma bouche. Mes sourcils se levèrent trahissant mon émotion.
"Nous avons besoin de quelqu’un. Vous êtes au club depuis 5 ans et vous êtes à l’aise avec les chiffres. Vous suivrez tous les matchs des U19" poursuivi-t-elle.
"C’est que je n’y connais rien en montage vidéo"
"Vous apprendrez"
J’acceptais non sans crainte cette nouvelle responsabilité au sein de l’association.
Mes week end étaient maintenant bien remplis. Le rythme de travail s’était considérablement accéléré.
J’accompagnais les U19 dans leur déplacement qui avait lieu le plus souvent le dimanche.
Je filmais les matchs. Je bossais une partie de la nuit dans la minuscule pièce TV de notre centre d'entraînement Maurice Chevalier.
Le lundi matin, mon rapport était prêt et nous analysions les performances de la veille avec le staff et l’équipe avec mes diaporamas.
La volonté d’Anny était claire : elle voulait restructurer entièrement le club. Pas seulement que l’équipe première. Il fallait que toutes les équipes de jeunes progressent.
En quelques mois, j’avais pris de l’assurance dans mes nouvelles fonctions.
Les joueurs écoutèrent attentivement mes conseils lors des causeries. Mes montages vidéo commençaient à ressembler à quelque chose.
Anny ne s’était pas trompée. Cette nouvelle fonction me plaisait.
Nous commencions à obtenir des résultats avec les jeunes. Notre jeu et nos résultats étaient de mieux en mieux. Nous étions placés en embuscade à mi saison pour la course à la montée au niveau national.
Malheureusement un événement allait venir nous couper l’herbe sous le pied…
A la recherche du temps perdu
Crise du covid oblige, tout s'arrêta.
Les championnats étaient définitivement arrêtés. Les montées et descentes gelées. Aussi bien en N3 que les championnats des jeunes.
Tout ce travail pour rien.
Alors que je fermais compulsivement la pièce TV pour plusieurs mois, Anny me prit à parti :
"Vous n’allez pas rester là à ne rien faire, passer des diplômes, formez-vous" me lança-t-elle
"Des diplômes ? Mais de quoi ?"
"Voyons Simon, vous savez parfaitement de quoi je veux parler"
"Vous pensez que ça me serait utile ?"
"Je n’ai pas de boule de cristal, mais si j’étais vous je n’attendrais pas"
Anny pouvait être dur mais elle savait parfaitement pourquoi j’étais là. Certes, je n’avais pas fait de carrière professionnelle ni même été un joueur dans une équipe amateur.
Mais je compensais par ma lecture du jeu et une bonne analyse. Lors de cette demi-saison, j’avais appris à m’affirmer et à savoir donner des directives aux joueurs.
Évidemment que j’avais envie de devenir coach.
Elle avait raison : sans diplôme, même avec les meilleures intentions du monde, les portes resteraient fermées !
Je m’inscris donc dans une formation à Nice pour passer les premiers niveaux du diplôme d'entraîneur.
Sur les bancs de l’école, un type filiforme fit genre de faire tomber son stylo pour entamer la conversation :
"Hey tu sais pourquoi Messi ne baptise pas ses enfants ?"
"Non pourquoi ?" lui dis-je
"Parce qu'ils deviendraient cristianos. " me dit-il en pouffant
Ce bout entrain s’appelait Abou, un Sénégalais arrivé en France à l’âge de 15 ans. C’était une véritable encyclopédie du football.
"Un bon tireur de pénalty est forcément un bon scoreur" lui dis-je au cours de la pause repas.
"Non, pas forcément... Regarde Martin Palermo de Boca"
"C'est qui lui ?"
"Il a raté 3 penalties en un seul match. C'était la première fois dans l'histoire que cela se produisait... Pourtant je peux te dire que c'était un sacré goaléador !"
Nous nous sommes promis de rester en contact.
Entre 2 vagues de covid et quelques cours à distance, j’étais devenu titulaire du diplôme C et B. Je rentrais au centre d'entraînement Maurice Chevalier, regonflé à bloc.
Ambition
J’assistais à la réunion de pré-rentrée du comité directeur pour lancer la nouvelle saison. Une centaine de personnes était présente dans la salle désuète au béton apparent.
Il y avait de l’effervescence dans l’air. Après 1 an et demi de covid, tout le monde souhaitait retrouver le terrain.
Anny venait de nommer un nouveau coach pour l’équipe première : Jean-Noël.
C’était son 1er poste en tant que coach principal. Jusqu’à maintenant, il n'avait occupé que des postes d’adjoints.
Il avait fait une belle carrière de joueur dans les années 90 avec plus 180 matchs à son actif en Ligue 2. Il avait même porté le maillot de Cannes une saison.
Anny l’avait choisie surtout pour sa réputation de formateur.
Entre membres de l’association, on s’interrogeait sur ce choix. On avait vu passer des CV avec des noms bien plus réputés…
Mais soit !
Anny avait choisi et évidemment personne n’allait contester son choix.
"Mesdames, Messieurs, membres d’honneur de l’association de l’ AS Cannes, l’objectif pour la saison prochaine doit être clair pour tout le monde : je souhaite voir l’équipe première monter en National 2." déclara la présidente Anny.
"Pour atteindre cet objectif, j’ai le plaisir de vous présenter notre nouveau coach Jean-Noël"
Quelques applaudissements se firent entendre.
"Comme vous le savez certainement, le budget du club a été revu à la hausse. Jean-Noël a pu recruter les joueurs qu’il souhaitait et a décidé de reconduire l’entièreté du staff. A savoir Derek en adjoint et François en entraîneur des gardiens"
De nouveaux quelques applaudissements se firent entendre.
"Ce sera tout pour l’équi…Ah oui, j’oubliais…l’équipe première se voit renforcer d’un analyste vidéo en la personne de Simon qui occupait auparavant la même fonction pour les U19"
Anny ne cessait de me surprendre.
Je n’avais bien sûr pas été mis au courant de cette nomination. Je bafouillais un vague « Merci » lorsque l’assistance se mit à applaudir mollement.
Anny et le coach estimaient que l’équipe première devait bénéficier de l’apport de la vidéo pour atteindre son objectif.
Je prenais évidemment ce nouveau rôle très à cœur.
J’avais quitté mon job dans le privé et je travaillais maintenant à mi-temps comme salarié du club. Je me retrouvais à réprimander des joueurs plus âgés que moi tels que Nathalino ou Souleiman.
J’étais obnubilé par l 'objectif de monter fixée par Anny. Le défi était sacrément relevé car une seule équipe était autorisée à monter.
Notre poule était notamment composée d'équipes Corse difficiles à manier chez eux comme Furiani, le Gazélec d’Ajaccio ou encore Corte.
Mais nous allions nous battre, tirer tous dans le même sens pour atteindre cet objectif.
Avertissement : Ce récit est une œuvre de pure fiction écrit à partir d’une partie sur le jeu Football Manager. Par conséquent toute ressemblance avec des situations réelles ou avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.